« La psychothérapie gestaltiste est un processus anarchiste en ce qu'elle ne vise pas à aider les gens à se conformer à des règles préétablies, à un système donné, mais plutôt à s'adapter à leur propre potentiel créateur. »

Laura Perls

Alkaly Cissé
Gestalt-thérapeute

Pourquoi "Gestalt" ?
Que veut dire ce mot ?

En fait, c'est un mot allemand (prononcez "Guéchtaltt"), qui vient du verbe gestalten, difficilement traduisible en français, qui donne l'idée de "mettre en forme, donner une structure".


Il y a là une idée de mouvement : le thérapeute est attentif au mode d'interaction et d'ajustement entre lui et le patient, lui-même étant impliqué dans la relation, c'est-à-dire dans un processus de contact ici-maintenant.


Dans mon travail thérapeutique, dans mon engagement avec le patient, je me sens à la fois faire partie et à la fois séparé, je peux accueillir le familier et le non-familier, bref être à la fois observateur et participant. 
 

La Gestalt-thérapie aide à élargir le champ de nos possibles, à augmenter notre capacité d'échange avec les autres, à restaurer notre liberté de choix.


Elle privilégie le "comment" au "pourquoi", ainsi elle aide à une prise de conscience de nos inhibitions, nos évitements et nos ressources. Plutôt que d'expliquer les origines de nos difficultés, elle propose d'expérimenter des pistes de solutions, en faisant confiance à l'improvisation créatrice dans le moment présent de la séance même. La séance de thérapie devient ainsi, elle-même, le lieu de réalisation, de changement…

Les fondateurs

 

Ils sont trois au départ : 
—Frederick S. PERLS (1893-1970)

dit Fritz Perls (psychiatre et psychanalyse), considéré comme le père fondateur. Cependant, il disait lui-même n'avoir fait que résumer des évidences séculaires concernant les cycles dans la nature, l'homéostasie, l'importance du moment présent et de l'awareness (conscience globale de l'instant), la subjectivité dans notre perception du monde (paradigme postmoderne), la place centrale des émotions, notre appartenance à un champ global, etc. "Je ne suis pas le fondateur de la Gestalt, mais tout au plus son re-découvreur", se plaisait-il à répéter.

 

—Laura PERLS (1905-1990)

son épouse, docteur en Gestalt-psychologie.

 

—Paul GOODMAN (1911-1972

écrivain, poète et penseur, il a pris une part considérable dans la mise en forme des intuitions de F. Perls.

 

A eux trois, ils forment un groupe de recherche, dans les années 50, à New-York, et publient fin 1951 un ouvrage princeps "Gestalt-thérapie-vers une théorie du self, nouveauté, excitation et croissance", qui marque véritablement la naissance de la Gestalt-thérapie.

Qu’apporte la Gestalt-thérapie par rapport à d’autres approches thérapeutiques ?

La Gestalt-thérapie s'intéresse plus aux modalités de présence au monde d'un sujet qu'à l'analyse de son psychisme. Elle se démarque donc des thérapies centrées exclusivement sur l'individu et l'intra-psychique.

 

Évidemment, cela ne veut pas dire que la théorie et la pratique de la Gestalt-thérapie soient meilleures que celles des autres courants de la chose psy, je le note ici pour souligner la singularité de notre approche de la personne considérée, non pas comme une "essence" en soi, mais en tant qu'être vivant engagé dans un processus constant d'interaction avec le monde, en tant qu'il est relié à tout instant à d'autres personnes ou environnements : c'est dans ce sens que nous parlons du champs-organisme-environnement. 

 

Cela a des implications cliniques considérables tant pour le thérapeute que pour le patient. En effet sans "autre", il n'y aurait pas de "soi" et vice versa. Par conséquent, soi n'est pas une "chose" ou un donné, mais une émergence dans une situation donnée. Thérapeute et patient sont tous deux co-créateurs de ce qui arrive dans une séance thérapeutique.

 

C'est la théorie initiale des fondateurs de la Gestalt-thérapie, théorie que les chercheurs en neuropsychologie et développement de l'enfant ainsi que les thérapeutes de beaucoup d'écoles différentes sont en train de redécouvrir.


La question qui vient tout de suite, c'est "comment une personne peut changer à travers l'interaction avec un thérapeute ?" 


Pour ceux qui voient le soi comme relationnel, la réponse à cette question est évidente : le changement intervient toujours en relation à un autre ! La rencontre, en quelque sorte, nous crée !